Perspectives économiques et financières – Septembre 2025
Ce rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles.
Résumé
Le présent rapport fournit une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et budgétaires possibles dans le cadre des politiques actuelles. Nos perspectives intègrent les données économiques allant jusqu’au 11 septembre 2025 et comprennent les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement depuis l’Énoncé économique de l’automne de 2024, soit les mesures annoncées jusqu’au 11 août 2025 inclusivement ainsi que l’annonce faite par le gouvernement le 5 septembre dernier.
Ces perspectives ne tiennent pas compte des mesures supplémentaires visant à respecter l'engagement pris par l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) d'investir 5 % du produit intérieur brut (PIB) annuel d'ici 2035 dans la défense[^1].
De plus, ces perspectives ne tiennent pas compte de l’examen exhaustif des dépenses du gouvernement[^2] ni des engagements non annoncés du programme du Parti libéral du Canada.
Notre projection de base suppose que les droits de douane et les contre-mesures en vigueur le 5 septembre resteront en place tout au long de l’exercice financier 2025‑2026. En outre, nous supposons que les droits de douane canadiens sur les marchandises en provenance des États-Unis seront progressivement supprimés, l’élimination complète étant réalisée d’ici le 31 décembre 2026[^3].
On trouvera ci-dessous un aperçu condensé des Perspectives économiques et financières (PEF) du DPB. Les détails des prévisions sont fournis aux annexes A à I.
Perspectives économiques
L’économie canadienne a enregistré des gains plus importants que prévu au premier trimestre de 2025, une partie de l’activité commerciale ayant été avancée en prévision des tarifs douaniers américains. Ces gains ont été plus qu’annulés au deuxième trimestre, le PIB réel ayant reculé de 1,6 % en taux annualisé, en raison de l’imposition de droits de douane et de l’intensification des frictions commerciales.
Nous nous attendons à ce que la croissance reste modérée au cours du second semestre de 2025 et à ce qu’une reprise graduelle s’étende jusqu’en 2026, à mesure que les entreprises s’adaptent à l’évolution de l’environnement commercial et que les exportations commencent à se redresser. Nous supposons que, afin de compenser les effets de contraction des perturbations commerciales et de soutenir la demande intérieure, la Banque du Canada maintiendra son taux directeur à 2,5 % avant de le ramener à son niveau neutre de 2,75 % à la fin de l’année 2026.
Globalement, nous prévoyons une croissance du PIB réel de 1,2 % en 2025 et de 1,3 % en 2026 (tableau 1), contre 1,7 % et 1,5 %, respectivement, dans nos perspectives de mars.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
La période de prévision s’étend de 2025 à 2030. Le taux de chômage et le taux directeur de la Banque du Canada sont des valeurs de fin de période.
Au-delà du court terme, la croissance devrait se renforcer et le PIB réel devrait rebondir pour s’établir à 1,8 % en 2027, grâce à la vigueur des dépenses des ménages et à la reprise des exportations et des investissements des entreprises. Entre 2028 et 2030, nous prévoyons une croissance moyenne de 1,7 %, ce qui est légèrement supérieur à notre estimation de la croissance potentielle de la production (1,6 %) sur la même période. Toutefois, nous estimons que les politiques commerciales et l’incertitude réduiront le niveau du PIB réel de 0,5 % d’ici 2030[^4].
Le marché du travail s’est également affaibli, parallèlement au ralentissement général de l’activité économique. Le taux de chômage a augmenté pour atteindre 7,1 % en août 2025, l’emploi ayant diminué plus fortement que la population active. Nous prévoyons que le taux de chômage restera proche de son niveau actuel pendant le reste de l’année avant de diminuer progressivement pour atteindre 5,6 % à la fin de l’horizon de projection[^5].
L’inflation[^6] devrait s’établir en moyenne à 1,9 % en 2025, la pression à la hausse exercée par les droits de douane étant compensée par une offre excédentaire et un dollar canadien plus fort, ainsi que par la suppression de la redevance fédérale sur les combustibles. L’inflation des prix à la consommation devrait tomber à 1,6 % en 2026, sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et du ralentissement de l’inflation des prix des logements. À mesure que les effets de prix liés aux droits de douane sont absorbés et que l’écart de production se réduit, l’inflation devrait se stabiliser près de l’objectif de 2 % de la Banque du Canada jusqu’à la fin de l’horizon de projection.
Compte tenu du ralentissement de l’activité réelle et de la baisse des prix, nos prévisions pour le PIB nominal, la mesure la plus large de l’assiette fiscale du gouvernement, ont été revues à la baisse par rapport à nos prévisions de mars. Nous prévoyons que le niveau du PIB nominal sera inférieur de 12,9 milliards de dollars par an, en moyenne, sur la période 2025-2029, principalement en raison de l’effet des droits de douane et des conditions commerciales moins favorables avec les États-Unis.
Perspectives financières
Nos perspectives budgétaires fondées sur le statu quo tiennent compte des nouvelles mesures annoncées depuis l’Énoncé économique de l’automne de 2024 jusqu’au 11 août inclusivement, ainsi que de l’annonce faite par le gouvernement le 5 septembre. Ensemble, ces mesures représentent de nouvelles dépenses (nettes) de 115,1 milliards de dollars de 2024‑2025 à 2029‑2030[^7].
Nos perspectives comprennent une augmentation de 8,3 milliards de dollars du financement du ministère de la Défense nationale en 2025‑2026, augmentation annoncée le 9 juin dernier, puis de 6,6 milliards de dollars par an, en moyenne, sur une base continue[^8]. Les renseignements fournis étant limités, les perspectives ne reflètent pas entièrement l’engagement pris par le gouvernement dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de porter les dépenses de défense à 3,5 % du PIB d’ici 2035 et l’engagement de consacrer 1,5 % supplémentaire du PIB aux dépenses essentielles liées à la défense et à la sécurité.
En l’absence de résultats financiers définitifs pour l’exercice écoulé, nous estimons qu’il y a eu un déficit budgétaire de 51,7 milliards de dollars (1,7 % du PIB) en 2024‑2025 (tableau 2)[^9]. Pour l’exercice budgétaire en cours, 2025‑2026, nous prévoyons que le déficit augmentera fortement pour atteindre 68,5 milliards de dollars (2,2 % du PIB), en raison d’une croissance économique plus faible et de mesures supplémentaires ayant une incidence à la fois sur les recettes et les dépenses.
En supposant qu’aucune nouvelle mesure ne soit introduite et que les mesures temporaires existantes prennent fin comme prévu, le déficit budgétaire devrait descendre légèrement, mais restant proche de 60 milliards de dollars à moyen terme, la croissance des recettes ne dépassant que légèrement celle des dépenses.
Au total, nous nous attendons à ce que le gouvernement perçoive 8,0 milliards de dollars de recettes tarifaires au titre des contre-mesures entre 2024‑2025 et 2026‑2027, dont la totalité, selon ce qui est supposé, sera reversée aux secteurs concernés[^10].
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
La projection de la dette fédérale pour 2024-2025 comprend les 6,2 milliards de dollars de gains de réévaluation nets tirés de la [Revue financière de mars 2025](https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/services/publications/revue-financiere/2025/03.html)[^11]. La valeur pour l’exercice 2024-2025 est une estimation. La période de prévision couvre les exercices 2025-2026 à 2030-2031. Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Nous prévoyons que le ratio du service de la dette (c’est-à-dire les charges de la dette publique par rapport aux recettes totales) passera de 10,3 % en 2023‑2024 à 10,7 % en 2024‑2025. La dette fédérale augmentant plus vite que les recettes, le ratio du service de la dette devrait encore augmenter pour atteindre 13,7 % en 2030‑2031, soit bien plus que le niveau de 7,0 % – le plus bas jamais vu – atteint en 2018-2019 avant la pandémie.
En 2024‑2025, nous prévoyons que le ratio de la dette fédérale au PIB tombera (temporairement) à 41,7 % (figure 1). En raison de déficits budgétaires persistants de plus de 1 % du PIB, le ratio de la dette fédérale au PIB, estimé à 41,7 % en 2024‑2025, devrait s’établir à plus de 43 % à moyen terme. Par rapport à nos perspectives de mars, le ratio de la dette fédérale au PIB est supérieur de 4,5 points de pourcentage en 2029‑2030 et ne devrait plus être sur une trajectoire descendante à moyen terme.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada, Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les données sont présentées par exercice financier (2024 correspond à l’exercice 2024‑2025). La valeur pour l’exercice 2024-2025 est une estimation. La période de prévision couvre les exercices 2025-2026 à 2030-2031. Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Par rapport à nos perspectives de mars, nous prévoyons des déficits budgétaires supérieurs de 26,6 milliards de dollars, en moyenne, entre 2024‑2025 et 2029‑2030. Cette révision à la hausse est largement due aux nouvelles mesures annoncées par le gouvernement qui réduisent les recettes prévues et augmentent les dépenses du programme (tableau 3)[^12].
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les mesures supplémentaires comprennent celles annoncées dans l’Énoncé économique de l’automne de 2024. La valeur pour l’exercice 2024-2025 est une estimation. La période de prévision couvre les exercices 2025-2026 à 2029-2030. Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Risques et incertitude
Nos perspectives fournissent une projection de référence pour aider les parlementaires à évaluer les résultats économiques et financiers possibles dans le cadre des politiques actuelles (c’est-à-dire, selon une base de référence du « statu quo »). Si l’on fait abstraction des nouvelles mesures qui seront probablement annoncées dans le prochain budget du gouvernement et si l’on exclut les risques liés à l’imposition éventuelle des droits de douane et des mesures de rétorsion dont les États-Unis laissent planer la menace, nous estimons que les risques qui pèsent sur nos perspectives économiques et budgétaires sont à peu près équilibrés.
Principal risque de baisse : Incertitude commerciale prolongée
L’incertitude commerciale accrue pourrait retarder la reprise des investissements des entreprises et des exportations. Si les conditions commerciales ne s’améliorent pas, l’activité économique pourrait ralentir plus que prévu, entraînant une croissance plus faible de l’emploi, une baisse de la demande globale et des déficits budgétaires et une dette fédérale plus élevés que prévu.
Principal risque de hausse : Une demande intérieure plus forte
Si les taux d’intérêt sont encore réduits ou si la croissance démographique est plus forte que prévu, la consommation des ménages et l’investissement résidentiel pourraient être plus importants que prévu, ce qui se traduirait par des déficits budgétaires et une dette fédérale inférieurs aux prévisions.
Perspectives économiques détaillées
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Le taux de chômage et les taux d’intérêt (le taux des bons du Trésor à 3 mois et le taux des obligations du gouvernement à 10 ans) sont des valeurs de fin de période.
Composition du PIB nominal
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Statistique Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Perspectives de revenus détaillées
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives détaillées des dépenses
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Compte des opérations de l’assurance-emploi
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. La période de prévision s’étend de 2025 à 2033.
Charges de programmes directes
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Perspectives de la dette fédérale
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
\* Les exigences d’emprunt en vertu de la *Loi autorisant certains emprunts* concernent la somme de la dette contractée sur les marchés par le gouvernement du Canada et les sociétés d’État mandataires. Présentement, le montant maximal que le ministre des Finances est autorisé à emprunter est de 2 126 milliards de dollars. D’après nos perspectives actuelles, nous prévoyons que les besoins d’emprunt du gouvernement commenceront à dépasser le montant maximal en 2026-2027, ce qui pourrait nécessiter de modifier le montant maximal d’emprunt et de fournir une évaluation au Parlement conformément à la Loi autorisant certains emprunts. Les besoins d'emprunt prévus pour les sociétés d’État mandataires restent inchangés par rapport à nos perspectives de mars, étant donné que les sociétés d’État n’ont pas encore publié de nouveaux plans d’entreprise. Ce montant peut différer légèrement de ce qui est déclaré dans les Comptes publics, qui comprennent un rajustement pour le coût amorti. Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Comparaison avec les perspectives de mars 2025
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Comparaison avec l’Énoncé économique de l’automne de 2024
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Finances Canada et Bureau du directeur parlementaire du budget.
Les chiffres étant arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. La comparaison exclut les nouvelles annonces faites depuis nos perspectives de mars 2025 et les recettes tarifaires au titre des contre-mesures.